Dark Souls

Publié le par W.FAURE

Contrairement à la plupart des jeux vidéo contemporains, l'excellent Demon Souls n'a pas bâti son succès sur de belles cinématiques ou un scénario en béton mais plutôt sur son gameplay hardcore extraordinairement exigeant. Basé sur le même principe, Dark Souls nous invite une nouvelle fois à repousser nos limites pour relever des défis ahurissants de difficulté. Ce sont les gamers, les vrais, qui vont être contents !

Dark Souls

Plus d'un pad Playstation 3 se souvient encore aujourd'hui de la rage douloureuse avec laquelle son propriétaire le jeta furieusement contre un mur ou à travers une fenêtre en jouant à Demon's Souls. Il faut dire qu'il y avait clairement de quoi massacrer la pauvre manette (voire sa table basse ou son chat) lorsque, après la trente-huitième tentative, on continuait encore à se faire trucider par un boss refusant obstinément de trépasser sous nos coups de boutoir. Et encore, mourir face à un boss était presque une récompense quand on sait que le moindre mob, le moindre piège, étaient susceptibles de nous renvoyer à notre dernier point de sauvegarde en moins de temps qu'il ne fallait pour s'en apercevoir. A l'ère du casual gaming et de la simplification à outrance de la progression des joueurs, on peut dire que Demon's Souls a réussi à marquer les esprits. Que tous les sadomasochistes vidéoludiques se rassurent tout de suite, Dark Souls n'est pas plus facile bien au contraire. A tel point que nous pouvons affirmer sans hésitation que la dernière création de From Software est probablement l'un des jeux les plus difficiles qu'il nous ait été donné de tester.

Test Dark Souls Xbox 360 - Screenshot 116Un solide sens du timing est nécessaire pour effectuer les plus beaux coups.

Pour ceux qui auraient raté le dernier épisode, il n'est peut-être pas inutile de rappeler que l'action se déroule ici à la troisième personne. Plongé dans les ténèbres, le joueur réduit à l'état de mort-vivant, doit trouver un moyen de sauver son âme et de retourner dans le monde d'où il vient. De nombreux combats mais aussi pas mal d'énigmes l'attendent durant cette aventure ponctuée de morts en tous genres. Plusieurs essais, beaucoup d'essais, voire des dizaines d'essais (!) sont régulièrement nécessaires pour progresser ne serait-ce que de quelques centaines de mètres dans des environnements en 3D où le moindre faux pas est synonyme de "game over". L'impatience est notre ennemie. Foncer dans le tas mène au carnage. Ici, notre vie ne tient qu'à un fil et la préserver requiert un effort de chaque instant. Pourtant, rien ne laisse supposer lors de la création de notre avatar qu'un tel cauchemar puisse nous attendre par la suite. Comme dans n'importe quel jeu de rôle classique, on peut en effet personnaliser l'apparence de notre héros. Certes, les modèles ne sont pas très réussis mais les possibilités sont étendues. On doit également sélectionner une classe parmi une liste en comprenant une dizaine. Guerrier, Bandit, Clerc mais aussi Pyromancien ou Mendiant... Chacune d'elle comportement évidemment des avantages et des inconvénients à prendre en compte. Néanmoins, tout comme dans Demon's Soul, l'évolution de notre personnage est totalement libre. On peut très bien par la suite spécialiser un Sorcier dans le corps-à-corps ou un Chevalier dans le soin. Un nom et une babiole à emporter plus tard, nous voilà en train d'évoluer dans quelques couloirs bardés de messages de tutoriel. Ce n'est que lorsqu'on tombe nez à nez avec un gigantesque démon au bout d'à peine cinq minutes de jeu que l'on se rappelle l'abominable vérité : on n'est pas là pour rigoler... mais alors pas du tout !

Test Dark Souls Xbox 360 - Screenshot 117En regagnant son humanité, notre héros peut entre autres faire appel à des alliés.

Poussant un hurlement déchirant, l'affreuse bestiole nous fait rapidement comprendre que notre insignifiante présence trouble sa relative quiétude puis, d'un coup de masse géante, la voici en train d'essayer de nous aplatir. A partir de là, à nous de rester en vie tout en trouvant un moyen de se débarrasser du démon gardant jalousement la seule et unique clé permettant de poursuivre notre chemin. Inutile de vous jeter sur lui l'arme à la main comme vous le feriez dans un bon vieux hack'n slash car à moins d'un miracle, vous y laisserez votre peau. Comme ce journaliste américain d'ailleurs, qui, testant une version japonaise du soft, n'a pas compris la signification du petit papier traînant par terre et sur lequel on pouvait lire en toutes lettres :"Fuyez !". En fait, ce n'est qu'une fois ce colosse abattu que l'on commencera véritablement à toucher du doigt le concept de Dark Souls, à savoir souffrir souffrir et souffrir encore en échouant inlassablement pour ressentir tout à coup la jouissance foudroyante d'un succès inespéré. Car tout est là. Dark Souls n'est pas un jeu de rôle comme les autres et encore moins un beat'em all. C'est une véritable expérience de try and die où chaque mort nous rapproche lentement, très lentement, de la victoire sur nos adversaires et surtout sur nous-même. Aussi convient-il de souligner si besoin était encore que Dark Souls se destine à une catégorie de joueur très particulière aimant les défis à l'ancienne et un gameplay hardcore ne tolérant pas la plus petite faiblesse.

Test Dark Souls Xbox 360 - Screenshot 118La sensation de solitude est parfois écrasante en mode offline.

Si les boss de Dark Souls (Démons, dragons et autres sangliers métalliques...) sont souvent capables de nous tuer en à peine deux coups, il ne faut pas croire que les nombreux adversaires que l'on rencontre partout dans les décors sont moins dangereux. Equipés d'armes blanches ou d'armes de jet, parfois protégés d'un bouclier et de pièces d'armure, dotés de pouvoirs magiques, etc, ceux-ci constituent une menace bien réelle surtout lorsqu'ils parviennent à se regrouper. Il faudra donc apprendre à se battre à la perfection pour s'en débarrasser et sur ce plan-là, Dark Souls est un véritable bijou. Chaque arme, chaque sort (en usage limité cette fois-ci), chaque objet nécessite des heures de pratique pour être parfaitement maîtrisé. Enchaîner des combos, esquiver, parer, contrer, jeter des sorts , toutes les techniques indispensables à un bon jeu d'action heroïc-fantasy répondent présent mais la différence avec les productions actuelles, c'est qu'il n'y a ici aucune place pour l'approximation. Une demi-seconde de retard dans une parade, une esquive maladroite, un sort lancé au mauvais moment, et c'est facilement un quart de la barre de vie qui saute sans compter que certains adversaires peuvent enchaîner deux ou trois attaques d'affilée. Le joueur doit donc rester très vigilant en permanence. Quand on sait qu'en plus, il n'est pas rare de se battre au bord d'un précipice ou sous le feu nourri des archers ennemis, on imagine sans peine la dextérité requise pour s'en sortir.

Test Dark Souls Xbox 360 - Screenshot 119Dès le début du jeu, les boss sont monstrueux.

On ne le répétera jamais assez, la difficulté de Dark Souls est absolument ahurissante et chaque game over nous renvoie au dernier feu de camp faisant office de point de sauvegarde. On s'en doute, ceux-ci sont très rares et bien entendu, tous les ennemis respawnent en même temps que nous. Du coup, les développeurs ont dû trouver un moyen de récompenser notre persévérance malgré nos échecs à répétition. Un système d'Ames récoltées sur nos victimes nous permet donc de fortifier nos statistiques en montant de niveau et d'acheter du matériel auprès des marchands. Mais attention, si l'on meurt, les précieux points restent sur le lieu de notre décès et si l'on meurt à nouveau avant de l'avoir atteint, ils disparaissent. Si les Ames sont faciles à obtenir, les points d'Humanité, eux, sont généralement cachés dans les endroits les plus dangereux ou les plus inaccessibles. En devenant humain le temps d'une vie (c'est à dire pas longtemps vu la vitesse à laquelle on trépasse dans le soft), notre héros bénéficie de divers bonus et peut surtout invoquer les fantômes d'autres joueurs online pour lui prêter main forte, ce qui est loin d'être négligeable. Notez aussi que l'on peut soi-même se proposer pour aller aider nos semblables sur le Net afin de gagner Ames, points d'Humanité et autres bonus. Sinon, on peut simplement se contenter de voir passer les ombres de ces derniers ou d'entendre sonner une cloche célébrant l'un de leur succès.

Test Dark Souls Xbox 360 - Screenshot 120Attendez-vous à voir cet écran souvent... très souvent...

Contrairement à ce que l'on pourrait penser de prime abord, les fonctionnalités multijoueurs de Dark Souls sont absolument fondamentales pour apprécier le soft à sa juste valeur. D'une part, cela rend le jeu un peu plus abordable en termes de difficulté. On peut s'entraider, se laisser des messages, partager ses expériences, récupérer des objets spéciaux, etc. D'un autre côté, réunir autant de monde dans une situation aussi sombre et désespérée donne une intensité dramatique vraiment unique à l'oeuvre de From Software. On se sent vraiment tous dans la même galère, on communie dans la souffrance (il est possible de revivre les derniers instants des autres joueurs en activant les traces de sang qu'ils ont laissées sur le sol), si bien que l'on regrette presque que les développeurs nous aient permis d'envahir sous certaines conditions le monde d'autres joueurs pour les assassiner. Oui, décidément, Darlk Souls est un jeu unique et il y aurait encore beaucoup de choses à écrire dessus. Pour autant, il n'est pas exempt de défauts agaçants. Ainsi les animations des personnages sont assez rigides et les problèmes de framerate sont légion. Les graphismes sont assez inégaux et certains environnements se ressemblent beaucoup. Les temps de chargement pour ressusciter auprès de notre feu de camp sont également bien trop longs si l'on n'installe pas le soft sur la console. Bref, Dark Souls n'est pas parfait mais sous réserve que l'on soit capable de refaire 30 fois le même passage ou de tourner en rond durant des heures dans une ville fantôme, on se doit de l'essayer cette année.

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